Whole Foods Market – pour le meilleur et pour le pire
NYC, août 2013. Après une journée de marche intensive, la rétine imprimée de mille souvenirs mais les pieds en feu, nous décidons de faire quelque courses pour aller souper dans l’appartement que nous avons loué au coeur du très branché Lower East Side. La fatigue nous pousse doucement mais sûrement vers la première épicerie de quartier, nous résignant alors à l’idée presque séduisante d’une pizza congelée.
Whole Foods Market. Nous ne connaissons pas, peu importe tant qu’ils vendent de quoi nous sustanter sans trop d’effort. Mais la surprise fut de taille. Première impression : grand, lumineux, coloré, assez gai même. Une épicerie joyeuse? Ben oui (aussi bizarre cela puisse-t-il être). Seconde impression : le fameux facteur wow. Puissance dix. Fromages et charcuteries en tous genres, rayonnages gigantesques ne proposant que du bio et beaucoup d’équitable, boulangerie maison, bar à salade hyper-appétissant, etc. etc. Bref un genre de IGA mais bio, local, responsable et ultra sympathique.
L’euphorie nous gagne encore plus quand nous nous rendons compte que les prix sont accessibles, tout autant que dans n’importe quelle épicerie. Nous voici donc parcourant les rayons à grands renforts de « oh! » « ah! » et autres onomatopées. Étrangement la fatigue prend légèrement le bord, laissant place à une sorte d’extase. C’est donc possible? Une épicerie funky, bio, accessible et avec beaucoup de choix. Mais pourquoi le concept ne s’est-il pas rendu au Québec ou en Europe? Pourquoi nous envoie-t-on juste les Wal Mart et autres Dollarama?
Notre panier rempli de beaucoup plus de produits que nous n’en avons besoin (ce sont officiellement des pro du marketing), c’est avec une joie non dissimulée que nous rentrons dans notre home sweet home d’adoption. Même leurs sacs en papier sont beaux. Qui dit mieux? hein? un beau sac d’épicerie recyclable! Non mais franchement! (parce que oui, quand on est fatigués, on se laisse parfois emporter par un trop plein d’enthousiasme)
Fidèles à nos bonnes habitudes et bien décidés à propager la bonne nouvelle de ce pas (comment les gens pourraient-ils vivre une minute de plus dans l’ignorance de ce miracle de la consommation alimentaire?) nous publions à propos de notre extraordinaire découverte sur Facebook.
Et bam.
Le couperet tombe. La bulle explose. Le rêve se ternit. La fantasme s’évapore.
Un ami bien intentionné nous envoie un article publié en 2011 à propos de ces « Wal Marts hippies ». Voulant garder nos illusions bien au chaud, nous faisons quelques recherches. Mais il nous faut abdiquer. Il semble effectivement que ces magasins soient loin de l’oasis bio que nous avions imaginé. Pratiques commerciales douteuses, questionnements à propos de la réalité bio de leurs produits, relations malsaines avec les producteurs / fournisseurs locaux, ou encore gestion des ressources humaines répréhensible, la liste des récriminations est longue. Une mention toute spéciale d’ailleurs pour la lettre de démission totalement décoiffante d’un ex-employé publiée dans le Dailymail. Certains ont la plume en verve quand il s’agit de se vider le coeur…
Cependant, pour rester sur une note positive, nombreux sont ceux qui reconnaissent aux Whole Foods Market bien des avancées dans le monde de la grande distribution. La chaîne de magasins a permis de démocratiser le bio, le local et le responsable. Elle a mis en place des pratiques innovatrices, a contribué à sensibiliser les consommateurs sur la cause animale ou encore le commerce équitable. Et a tout simplement mis sur pied une nouvelle façon de considérer le rapport à la bouffe en épicerie.
Alors, on ne le redira jamais assez : acheter directement du producteur reste la meilleure façon de contrôler ce qu’on a dans l’assiette, tout en tissant des liens privilégiés avec ceux qui ont les deux mains dans la terre. Mais quand on n’a pas la chance de vivre en campagne ou d’avoir un marché public à proximité, on peut se permettre d’espérer qu’une initiative comme celle-là voit le jour près de chez nous. De la bonne bouffe, saine, accessible, le tout sans se prendre au sérieux : on peut rêver non?
Références :
– http://www.wholefoodsmarket.com/
– Dailymail – 2011 : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2018504/Youre-faux-hippy-Wal-Mart-Whole-Foods-Market-worker-quits-epic-resignation-email.html
– http://michaelbluejay.com/ (beaucoup de liens vers d’autres articles)
– http://blogs.lexpress.fr/styles/paris-by-light/2011/02/28/ca-vient-des-states-whole-foods-market/